La pénurie et la rareté de main-d’œuvre sont des défis bien connus dans plusieurs régions du Québec, mais au Nord-du-Québec, elles prennent une ampleur critique. Pour pallier le manque criant d’assistants techniques en pharmacie, un projet de formation inédit a vu le jour, fruit d’une collaboration entre le CFP Baie-James, les pharmacies communautaires de Chibougamau, le Conseil régional des partenaires du marché du travail, l’Association des pharmaciens propriétaires du Québec, le Centre de formation professionnelle Fierbourg et le Centre régional de santé et de services sociaux de la Baie-James. Ce projet novateur, réfléchi et planifié pendant plus de deux ans avec persévérance, démontre l’importance de l’innovation et de la flexibilité dans le développement de formations adaptées aux réalités nordiques.
Pour Frédéric Duchesne, pharmacien-propriétaire des Uniprix et Proxim à Chibougamau, la mise en place d’une formation en assistance technique en pharmacie a été une véritable bouée de sauvetage. Avant ce projet, le manque criant de personnel qualifié menaçait directement les services aux citoyens. « Nous étions à un point où la réduction des heures d’ouverture était inévitable. Sans équipe technique, on ne peut tout simplement pas opérer », explique-t-il. Cette situation touchait aussi le département de pharmacie du Centre de santé, mettant en péril l’accès aux médicaments et aux soins de première ligne.
L’intervention de Frédéric Verreault, alors président du Conseil régional des partenaires du marché du travail de la Jamésie a été déterminante pour concrétiser cette initiative. Il a joué un rôle clé en ralliant les acteurs nécessaires et en démontrant l’importance stratégique du projet. « Quand j’ai réalisé l’impact concret de cette formation sur la qualité de vie des citoyens de Chibougamau, il était évident qu’il fallait en parler et pousser ce dossier jusqu’au bout », affirme-t-il.
Face à la pénurie critique d’assistants techniques en pharmacie, une solution innovante a vu le jour : mettre en place une formation directement à Chibougamau. Ce projet, mené par le CFP Baie-James en collaboration avec les différents partenaires, visait à former une main-d’œuvre qualifiée sur place afin d’assurer la continuité des services pharmaceutiques essentiels.
Un des principaux défis était de rendre ce projet viable malgré le faible nombre d’inscriptions. Traditionnellement, une cohorte viable financièrement doit regrouper au moins 24 étudiants, un chiffre irréaliste pour une région comme la Baie-James. « On savait qu’on ne pouvait pas rassembler 24 personnes à Chibougamau. Il fallait aussi trouver une structure qui permettait d’intégrer au projet le Centre de santé tout en respectant les critères de financement », explique Sonia Caron, du CFP Baie-James.
La solution? Créer un programme hybride, malgré sa structure complexe, permettant à la fois au secteur privé (pharmacies communautaires) et au secteur public (Centre de santé) de former leurs employés dans un cadre flexible. Ce modèle unique a exigé des négociations complexes et une collaboration exemplaire entre les parties prenantes.
Un enjeu majeur pour les régions éloignées comme la Baie-James est la rétention de la main-d’œuvre. Former des assistants techniques localement augmente significativement les chances qu’ils restent dans la région après leur formation. « Pourquoi essayer de recruter ailleurs, alors qu’on peut développer les talents d’ici? », s’interroge Frédéric Duchesne. Ce programme a non seulement permis d’embaucher des professionnels qualifiés localement, mais il a aussi renforcé le sentiment d’appartenance des employés à leur communauté.
« On parle souvent de la pénurie de main-d’œuvre, mais ici, c’est une pénurie d’humains », souligne Frédéric Verreault. Contrairement aux grands centres urbains où les entreprises peuvent puiser dans un vaste bassin de travailleurs, chaque départ à la retraite ou déménagement à l’extérieur de la région crée un vide difficile à combler. Des initiatives comme celle-ci permettent de contrer cette tendance et de stabiliser l’économie locale.
L’histoire de cette formation en assistance technique en pharmacie prouve qu’avec de l’innovation, de la collaboration et de la persévérance, il est possible d’adapter les formations aux réalités régionales. En impliquant activement les entreprises locales, en trouvant des solutions aux barrières administratives et en s’assurant que les formations répondent aux besoins concrets du marché du travail, la Baie-James se positionne comme un exemple à suivre.
Le succès de ce projet ouvre la porte à d’autres initiatives similaires. Que ce soit pour la formation en mécanique industrielle, en santé ou dans le secteur forestier, la clé du succès du CFPBJ réside dans une approche personnalisée et ancrée dans la réalité du territoire.
Les deux hommes partagent une vision commune : faire de la Baie-James un endroit où il fait bon vivre, travailler et grandir. « On ne veut pas être dans une posture de victime à cause de notre éloignement. On veut être reconnus pour notre contribution essentielle à l’économie du Québec », affirme Frédéric Verreault.
Grâce à des projets comme celui du CFP Baie-James, la région démontre qu’elle est capable d’innover et de bâtir des solutions durables pour son développement. Un modèle inspirant qui, espérons-le, servira de référence pour d’autres initiatives à venir.
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